ce matin...* . . ...et écraser un poildemain, ça
ce matin...*
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...et écraser un poildemain, ça sali.
Je ne savais pas qu'un poildemain pouvait autant pleurer. Ce n'était pas dans mon intention de lui faire mal. Mais il ne voulait pas faire ses valises ou prendre ses jambes à son coup, malgré mes mots, mes sourires et mes grimaces. Il m'a dit qu'il se sentait bien, là, au creux de ma main. Il m'a dit qu'elle ne pouvait pas vivre sans lui. Qu'elle pleurerait, et qu'elle deviendrait noire si je le faisais disparaitre. Mais le poildemain, il ne savait pas que je n'avais pas peur d'avoir la main noire. Il ne savait pas qu'une main noire peut être mélodieuse, il ne l'avait jamais écoutée. Il vivait là sans la connaître réellement. Et puis, il faut aussi dire que je ne le croyais pas...J'aurais pourtant dû.
Pourquoi se méfie-t-on ainsi du langage des poilsdemain? S'ils sont là,c'est qu'ils ont des choses à nous dire... on ne sait pas leur offrir nos oreilles. On a peur qu'ils aillent s'y réfugier, et comme tout le monde sait, un poild'oreille, ça parle trop et perturbe le sommeil.
Mon poildemain a pleuré noir. Non, je ne suis pas folle. Je l'ai vu de mes yeux vus. Et mes yeux, ils sont superbioniquesintergalactiques. Alors, vous pensez bien, je leur fait une confiance aveugle moi, à mes yeux.
Il y en a un que j'aime. C'est mon oeil gauche. Il me raconte de jolies histoires pour m'endormir, il sait me montrer les images qui apaisent. C'est aussi lui que préfère le Marchand de sable. L'autre soir, j'ai essayé de lui demander ce qu'il aimait en mon oeil gauche...mais le pays des songes m'emporta avant même que je ne puisse entendre la réponse... C'est peut être idiot à dire, je crois qu'il y a un truc entre mon oeil et le Marchand de sable. Mais chuuut.. ne dites rien. C'est un secret. Je ne veux pas que mon oeil rougisse, ou qu'il n'ose plus vivre son amour. J'aimerais pouvoir dormir sur mes deux oreilles...
Mon poildemain s'est réveillé et m'a dit qu'on ne dormait jamais sur nos deux oreilles! Que c'était pas possible. A bien y réfléchir, il avait raison, je n’ai pas les oreilles derrière la tête moi. Les yeux parfois (parce qu'ils sont malins les yeux) mais les oreilles... Il essayait de me distraire et je commençais à l'aimer à force. Seulement, il y a des décisions qu'on a plus le droit de remettre à plus tard. Il devait trouver un autre nid. J'étais persuadée qu'il y en aurait plein d'autres qui l'accueilleraient. Qui sauraient lui donner la place que je ne pouvais plus lui réserver...
De sa bouche est sortie un mot horrible: égoïste. Voilà que mes yeux se sont mis à pleurer. Parce que c'était pas vrai. C'est lui qui ne pensait pas à moi...y'en a qui appellent ça un empêcheur, oui, c'est pas de moi cette expression, mais elle va à merveille à mon poildemain...ou à ce qu'il était.
Je lui ai donné une dernière chance. Il avait mis ses oreilles à la poubelle, pour plus avoir à m'écouter.
Ça sentait le terminus. Il y avait du noir partout. Trace indélébile de sa présence passée... Je m'y ferais. Il parait qu'on s'habitue à tout.
Dites, ça repousse un poildemain? Je crois qu'il me manque déjà...